lundi, septembre 24, 2007

Gorin-no-sho Poker (Part II of II)

Je ne m’étendrais pas sur mes résultats en ce moment, je suis un yoyo. Par contre, je ne compte plus les coups impossibles à perdre que j’ai finalement perdus et je reste de plus en plus contemplatif du niveau lamentable des joueurs réguliers. A ce propos j’ai d’ailleurs eut une discussion assez intéressante avec deux amis pro, un canadien et un hollandais (double vainqueur du Sunday Million) sur MSN hier, qui me confirmaient que les français étaient les pires joueurs rencontré en live…et je ne pouvait qu’être en osmose avec leur conclusion. JC Pereira un bon joueur parisien disait il y a peu de temps à une table : Donnez moi des cartes, ne m’apprenez pas à jouer. Mais je franchement je doute que cela soit suffisant, tant quelque fois tout ne repose que sur le sort…Et oui, cher Hamlet il y bien quelque chose de pourri au royaume…

Restons philosophe et penchons nous à nouveau sur les écrits de feu Takezo Miyamoto avec la suite du Gorin-No-Sho poker oriented.


Vue globale
Penser au rendement, ne pas prendre les choses à la légère, ne pas perdre de vue l'idée générale, savoir distinguer le degré supérieur, moyen ou inférieur de l'énergie de chacun, donner l'élan et savoir où commence l'impossible sont la règle.

Esprit et position
Conservez un esprit vaste, droit, sans trop de tension ni aucun relâchement, évitez qu'il soit unilatéral, maintenez-le au juste milieu, faites-le agir tranquillement de façon que cette agitation ne s'arrête même un seul instant. Même si le corps est en position tranquille l'esprit, lui, ne doit pas demeurer tranquille. Même si le corps agit très rapidement, l'esprit, quant à lui, ne doit pas du tout agir rapidement. L'esprit ne suit pas le corps et le corps ne suit pas l'esprit. Prêtez attention à l'esprit mais ne prêtez pas attention au corps. N'ayez pas l'esprit étroit mais ne débordez pas d'esprit. Même si la surface de l'esprit est faible, le fond de l'esprit doit être fort. Rendez votre esprit indécelable par les autres.
Il est important de conserver un esprit dégagé de tout sentiment de faiblesse vis-à-vis de soi-même. Il faut maintenir sans tache et large notre esprit, en même temps que maintenir vaste notre sagesse. Il est essentiel de polir assidûment la sagesse et l'esprit. Pourvu que l'on polisse la sagesse, que l'on sache discerner les avantages et inconvénients du monde, que l'on connaisse le bon et le mauvais côté des choses, que l'on pénètre tous les arts ou toutes les Voies, que l'on ne puisse plus être trompé par aucun, alors notre esprit est apte à aborder la sagesse de la tactique.

Il faut rendre notre esprit semblable à l'eau. L'eau prend la forme des récipients qui la contiennent, qu'ils soient carrés ou ronds. L'eau peut se réduire à une goutte ou atteindre la taille d'un océan.

La position doit permettre de voir largement et vastement. Entre voir et regarder, voir est plus important que regarder. L'essentiel dans la tactique est de voir ce qui est éloigné comme si c'était proche et de voir ce qui est proche comme si c'était éloigné. L'important dans la tactique est de connaître le sabre de l'adversaire, mais de ne pas regarder du tout ce sabre adverse. Cette position des yeux convient aussi bien dans la tactique du simple duel que dans une bataille.
Le premier point est de savoir regarder de côté sans bouger les pupilles.

Rythme : la crise
Pour passer en pleine mer, il faut parfois franchir des détroits ou bien de vastes mers de cent ou deux cent kilomètres et au long de ce parcours on aura à traverser des courants critiques. De même dans notre traversée du monde, nous aurons à traverser des courants critiques dans notre vie. Pour qu'un bateau puisse bien suivre son chemin, il faut connaître les courants critiques, bien connaître la position du bateau et la météorologie. Si parfois le vent change, ayez la ferme volonté d'arriver au port, même s'il vous faut ramer sur dix ou quinze kilomètres. En naviguant ainsi, vous pourrez franchir les courants critiques.
Pour traverser le monde humain, il faut avoir cette philosophie. Ayez la ferme volonté de traverser le courant critique dans les moments de crise.
Il est important de franchir ce courant critique. De même façon que le bon navigateur franchit les mers, traversons les courants critiques en saisissant la position de nos adversaires, en connaissant bien les qualités de notre technique et en nous basant sur les principes de la tactique. Si l'on dépasse le courant critique, on se trouve déjà en sécurité. Une fois le courant critique dépassé, on fait naître des points faibles chez l'adversaire, on prend l'initiative et on a atteint une grosse partie de la victoire.

Passer de la montagne à la mer signifie qu'il est mauvais de répéter les mêmes choses au cours d'un même combat. Répéter deux fois la même chose est encore passable, mais jamais trois. Si vous ne réussissez pas une première fois un certain coup, alors, même si vous le tentez une seconde fois, son efficacité sera douteuse. Appliquez plutôt un coup inattendu, chaque fois d'une façon assez différente, et si cela est inefficace, tentez une autre tactique. Si votre adversaire imagine la montagne, vous appliquez la technique de la mer, et si votre adversaire pense à la mer, vous appliquez la technique de la montagne; c'est là la Voie de la tactique. Une fois que vous connaissez la Voie de la tactique, soyez comme un rocher. Soyez intouchable et immuable en toutes choses.

Presser l’oreiller et Oter le fond
"Presser l'oreiller de l'adversaire" signifie l'empêcher de relever sa tête. Dans un combat, il est mauvais d'être manoeuvré par un adversaire et d'agir en retard. Il faut vouloir par tous les moyens manoeuvrer notre adversaire selon notre volonté.
Lorsque nous sommes face à un adversaire, il faut que, basés sur notre tactique authentique, nous sachions déceler le plus petit bourgeon qui germe dans sa tête avant qu'il ne passe à son exécution. Si votre adversaire s'apprête à vous porter un coup, pressez la tête de la lettre "c", et ne le laissez pas continuer. C'est cela "presser l'oreiller de l'adversaire". Si votre adversaire passe à l'assaut, pressez la tête de la lettre "a", si votre adversaire s'apprête à bondir, pressez la tête de la lettre "b", et si votre adversaire s'apprête à vous pourfendre, pressez la tête du la lettre "p".

Oter le fond s'applique au cas suivant: à l'issue d'un combat, bien que pratiquement vous ayez enlevé la victoire grâce à votre technique efficace des arts martiaux, l'esprit combatif de votre adversaire n'est pas encore complètement mort. Donc, il est vaincu superficiellement, mais pas encore au fond de son coeur. Dans ce cas, changez vite d'idées. Il faut déraciner la volonté combative de votre adversaire. Il est important que vous sachiez découvrir chez lui la destruction de toute trace d'esprit combatif.

Attitude
"Devenez votre adversaire" signifie vous mettre complètement à sa place. Dans la tactique de masse, on a tendance à penser que les ennemis sont forts, et on devient trop prudent.

"Faire bouger l'ombre" est applicable au moment où l'on ne peut parvenir à discerner les intentions d'un adversaire. Lorsque vous ne réussissez par aucun moyen à discerner les intentions de vos ennemis, faites semblant de passer fortement à l'assaut et ainsi vous pourrez voir ce qu'ils veulent faire.

Allez fini le zen pour aujourd’hui, le prochain post parlera poker, boxe et humour noir : Hajime no Pat

lundi, septembre 17, 2007

Die Hard


Dans le microcosme pokérien Parisien, il existe des légendes urbaines, des histoires fantastiques, des Don Quichotte et leurs moulins à vents, toute une valse fantasque d’ectoplasmes en goguette narrant ici et la leurs espoirs noyées sur la river. Et bien que regardant tout cela de loin, le plus insensible des joueurs se retrouve inconsciemment pris dans la farandole des « types qui parlent tout seuls » un jour ou l’autre. Alors j’aurais pu appeler cette brève comptine « Mais avec quoi tu call ? » ou « Heu….c’est quoi ta main ??» ou encore « Omaha avec des chinois », ou finalement « Argggghhhh » mais en fait avec le recul le seul titre qui ressort vraiment est : « Die Hard »

La table était assez classique, j’étais sur deux caves mais j’en avais un peu plus de cinq devant moi quand un asiatique c’est assis avec 500 puis un tour de table suivant deux autres avec 1000 l’on rejoint. Je jouais assez serré, mes relances étaient assez craintes (surtout au flop) mais a leur arrivée en mode rien à foutre tout changea.
Le premier coup est une résultante de ce que l’on appelle le phénomène domino. Je suis de BB et découvre AA88 double suited à trèfle et carreau, le joueur à ma droite à optionné à 10, tout le monde a callé (premier domino en chute), je mise à hauteur du pot, 90. Et…tout le monde suit...(les dominos continuent de tomber)…flop 8-6-7 dont deux trèfles et un coeur…le joueur en SB check je mise 500, le joueur utg réfléchi un long long moment et call, le suivant ne réfléchi pas et se met à tapis, le premier chinois call à tapis et ….les dominos s’écroulent tous…tout le monde est la !!! La moitié de la table étant à tapis…turn : 2 de cœur, je réfléchi un moment et me dit que les asiatiques auraient tout mis si ils avaient quinte au flop, cette carte ne change rien il faut que je les écarte pour qu’il ne me fassent pas une horreur…je met tout et…call, call (what ???)…river : 5 de cœur…la j’entends, quinte pour l’extérieur, le chinois me montre 4 et 3…heu…j’veux voir toute la main : 4-4-3-7 (bon t’a callé 90 preflop, ok, si tu veux…t’as callé 500 au flop…bon, déjà la c’est grave limite à interner…mais tu cherche quoi à la river ???? le 5 ????) bon je suis entrain de me noyer quand la croupière regarde les jeux pour les autres side-pot…comment ça ? Ça gagne ??? Mais avec quoi tout le monde m’a callé…ils ont tous fait deux paires ??? Comment ça tu jouais les trèfles max c’est moi qui les ai…ha…max au valet !!!...toi tu cherchais le 10 ventral pour faire straight max ??....heu brelan de 5 ??? Tu veux dire qu’il n’en restait qu’un ??....et pour l’intérieur qui m’achève ?? couleur max…ha, j’prefere ça, perdre contre la runner-runner couleur max ça me va…mais avec quoi tu call au flop ??...il montre A-K-Q-3 tout de cœur….heu…une aspirine et une vodka, merci….

Je fait du yoga a table pour ne pas tilter, je crois même que je suis en lévitation. Je call sans relancer mes bombes preflop et me couche gentiment au flop quand tout le monde est à boite…je rigole doucement avec mon voisin quand on voit la suckout party en délire sur la table puis je reçois J-Q-Q-8…pas de quoi sauter au plafond mais bon, je call la relance à 40 de l’asian au bouton….comme toute la table…flop : 9-10-A….check général jusqu’au bouton qui mets 300 et la …..cal, call, call, allin, allin…et moi, tout pareil all in avec mes tirages quinte et la cote énorme si je touche…turn : 2, river : 6….pfff, j’ai rien et la y’en a un qui annonce deux paires max et un autre qui retourne brelan de 2…bah…classique…sauf que la main du gars c’est 2-2-2-A….pourquoi il est à tapis au flop ?????...MAIS AVEC QUOI IL CALL 300 ???....Qui a dit bien joué, qui…c’est qui ??

Ok, stop la sophrologie, mode serrure off, I’m steaming !!!! je reload, j’attends que mon ami asiatique lance à 30, je relance à 130, 4 calleur, il surrelance à 800 je suis à tapis comme deux autres gars, le tout preflop….il est temps de regarder mon jeu…A-4-K-10 max à carreau, second à cœur…ok, ça va….flop : J-10-3 dont deux carreaux…pas si mal un carreau et c’est fini…turn : 5…ok, ok je joue un carreau, un 2 et un Q….river : A….mon chinois annonce : brelan max…sa main AA66…heu il jouait une seule carte dans le paquet, le dernier As…aucun des autres gars n’a touché la suite….bon, il a l’air normal ce coup à un out (qui normalement ne permet pas de gagner car il ouvre la quinte), je crois que je vais aller me prendre une camomille et une boite de Xanax…peut être deux boites….ouais, deux….
La suite du Gorin No Sho Poker ce WE...

mardi, septembre 04, 2007

Gorin-No-Sho Poker (Part I of II)


Il y a quelques temps, je discutais avec un ami de longue date qui se mettait au poker, il me demandait quels livres étaient essentiels pour progresser. Je n’ai pas su lui répondre…car en fait, ils ont tous leurs parts de vérité, et sur quelques pages une ou deux étincelles qui éclairent l’espace d’un instant la morne lecture. Bien sur, les adeptes de D. Harrington foisonnent, les disciples de Doyle ou les brebis du gourou franco-brésilien FM existent mais je reste persuadé que les livres qui nous font avancer sont ceux qui nous parlent, pas forcement des best-sellers, ce serait trop facile. Inévitablement, l’ouvrage que je lui donna en référence ne fut pas un livre sur le poker mais en fait la référence que je cite ici et la sur ce blog depuis un an, le Gorin-no-sho de Shimmen Mushashi…
J’était au café Virgin tout l’après-midi ce jour là, à bouquiner des mangas avant d’aller à l’ACF le soir et je suis tombé sur le joyau de Takehiko Inoue : Vagabond. Dévorant les premières pages hallucinantes de beauté, j’ai voulu aller plus loin et je me suis jeté sur le roman original (Le sabre et la pierre) puis finalement sur cet essai de tactique de bretteur de la main même du héros du livre : Le traité des 5 roues (Gorin-no-Sho).

Poker et sabre, même école ? A vous de juger, deux posts seront consacrés à quelques passages assez (litote inside) intéressants :

Règles pour pratiquer la Voie :
- Eviter toutes pensées perverses
- Se forger dans la Voie en pratiquant soi-même, et non par le jeu des idées
- Embrasser tous les arts, et non se borner à un seul
- Connaître la Voie de chaque, et non se borner à celui que l'on exerce soi-même
- Savoir distinguer les avantages et les inconvénients de chaque chose
- En toutes choses s'habituer au jugement intuitif
- Connaître d'instinct ce que l'on ne voit pas
- Prêter attention aux moindres détails
- Ne rien faire d'inutile

Il faut bien considérer la situation tantôt dans son ensemble, tantôt dans son détail. L'ensemble est facile à voir, mais les détails sont imperceptibles car les actions d'une masse ne peuvent être modifiées rapidement, donc elles sont faciles à découvrir tandis que les actions d'une seule personne sont modifiables par une décision unique donc c'est un détail difficile à saisir. Il ne faut pas perdre de vue tout cela. Il est question d'action immédiate et il faut s'y exercer chaque jour et s'y accoutumer quotidiennement. Dans les cas d'urgence il faut se montrer prêt, l'esprit immuable.

Il faut comprendre l'école à laquelle appartient l'adversaire, juger de son caractère, discerner ses points faibles de ses points forts. Utiliser des moyens d'assaut différents de ceux que l'adversaire attend. Sentir les hauts et les bas dans la cadence de l'adversaire, et connaître ses rythmes. Ainsi, il est important de prendre l'initiative.
Il y a 2 façons de prendre l'initiative:
- Initiative de provocation: Si vous voulez attaquer le premier, demeurez calme et, brusquement, attaquez avec rapidité et, tandis que le fond de votre esprit reste stagnant.
- Initiative d'attente: lorsque votre adversaire passe à l'assaut et arrive vers vous, demeurez indifférent et faites semblant d'être faible. Lorsqu'il se rapproche encore plus, reculez fort et faites semblant de bondir en arrière. Lorsque vous découvrez que votre adversaire ralentit quelque peu son assaut, passez d'un seul coup à la contre-offensive.

En toute chose il y a rythme. Dans le cas particulier du rythme de la tactique on ne peut l'atteindre sans s'exercer. Si l'on regarde autour de soi, on constate que l'existence du rythme est claire dans la danse, la musique et les instruments de musique. Lorsque le rythme domine, l'exécution est bonne. Dans tous les arts et techniques on ne peut aller contre le rythme.
Dans les affaires abstraites également, c'est le rythme qui domine. Ainsi dans chaque domaine il y a des rythmes différents. Il faut savoir discerner le rythme ascensionnel et le rythme décadent de toute choses. Plusieurs sortes de rythmes se remarquent dans la tactique. Il faut d'abord connaître le rythme concordant, puis comprendre quel est le rythme discordant. Il faut savoir discerner le rythme qui sied bien, le rythme à saisir selon l'occasion et le rythme contrariant, tous les rythmes qu'ils soient larges ou étroits, lents ou rapides, sont caractéristiques de la tactique. Tout particulièrement, si l'on ne saisit pas le rythme contrariant, la tactique ne sera pas sur des bases solides. Dans les combats de la tactique il faut connaître les rythmes de chaque adversaire et il faut se mettre au rythme inattendu de l'ennemi. Alors on peut vaincre ses adversaires en se mettant sur un rythme "vide" en partant d'un rythme né de l'intelligence.

En toute chose il y a effondrement: la maison s'effondre, le corps s'effondre, et un adversaire s'effondre. Le moment venu; le rythme change, et ainsi l'effondrement de produit.
Dans la tactique de masse, il faut connaître le rythme afin que les adversaires s'effondrent. Il est important de les pourchasser immédiatement sans laisser s'écouler aucun temps. Si vous perdez du temps à souffler pendant cet effondrement, alors vos adversaires auront le temps de se restaurer.
Dans la tactique individuelle, au cours d'un combat, le rythme de l'adversaire devient désordonné et son effondrement apparaît. Si vous laissez passer cette occasion, il se restaurera, aura une énergie nouvelle, et le combat ne marchera pas bien. Il est important de poursuivre à coup sûr au moment des premiers symptômes d'effondrement, afin que l'adversaire ne puisse se restaurer. Il faut poursuivre d'une manière directe et forte et lui porter un coup décisif afin qu'il ne puisse se restaurer.

Sur le chemin le plus long, on avance pas à pas. Aujourd'hui vainquez le "moi" d'hier et demain vainquez celui qui vous est inférieur, puis un autre jour vous vaincrez ceux qui vous sont supérieurs.

Chez les pratiquants de n'importe quelle Voie se trouvent toujours des hérétiques. Même si quelqu'un pratique chaque jour assidûment dans une Voie, s'il est tant soit peu dans l'erreur tout en étant persuadé d'être sur le bon chemin, malgré tous
ses efforts, sa voie ne sera pas la Voie.

Je vous laisse méditer sur ces mots…petits scarabées :)