mercredi, novembre 26, 2008

Burn Notice, episode 4: Season Finale

Intro
My name is Patrick Wild, I used to be a spy until...
We got a burn notice on you.
You're blacklisted.

When you're burned, you've got nothing.
No cash, no credit, no job history.
You're stuck in whatever city they decide to dump you in:
Las Vegas
You do whatever work comes your way:
Poker
You rely on anyone who's still talking to you.

Bottom line... Until you figure out who burned you, you're not going anywhere.


Episode 4: Season One Finale

Je me retrouvais entrain de courir sur Industrial Road. L’arrière boutique de Vegas, cette parallèle au Strip ou les casinos sont remplacés par des bars à seins nus, des motels pour one-shot et autres bizness orientés. L’ombre de ma foulée semblait à la limite de l’essoufflement et quand finalement je me trouvais au croisement de Circus Circus Drive, mon poumon droit m’avait lâché. Je ramassais une pierre au sol et visait le lampadaire, l’ampoule explosa du premier coup, good beat, et je me cachais accroupi devant l’entrée d’un salon de massage. Se rendre invisible quand nécessaire est une compétence cruciale pour un espion. Ça a l'air attirant, magique&mystique, mais ce n'est pas comme si y'avait un truc secret qu'on enseigne à l'école des espions qui permet de s'évanouir dans les airs, faut juste se mettre derrière une poubelle et attendre sans bouger. Mais bon, il me fallait reprendre mes esprits, mon souffle, me remémorer le début de ces événements. Comment j’en était arrivé la ?

La veille j’avais confirmé mon statut de deadmoney au Caesar’s en étant le premier sortant du tournoi avec les bullets, puis j’avais enfin dormi. Frais et dispo, je m’étais réveillé au milieu de la nuit avec une faim de loup, enfin de…coyote.
Se réveiller à 23h à Vegas un samedi soir est plutôt une bonne idée, et la proximité du Coyote Ugly en est une autre. Chez les jeunes américaines de la cote ouest, une mode étrange est née ces dernières années et c’est érigée en prerequis des soirées estivales, le get drunk before midnight. Elles débarquent en groupe de 3, 4 ou 5 et se mettent minable avant d’aller en boite, et dans cette quête éthylique le bar du New York² est the place to be. Le son est rock, elles montent sur le bar remuant leur postérieur en rythme tandis qu’une serveuse au micro hurle le début de la débauche, un peu d’alcool à Zippo sur le bar et une allumette le fait s’enflammer, elles se balancent lascives et la foule acclame, une serveuse prend la tête d’un mateur entre ses jambes, lui ouvre la bouche et verse un pleine rasade de bière tandis qu’une autre trempe son tshirt déjà trop petit en gueulant ‘I’m too hot’…Bref, le lieu idéal pour un petit dej’ nocturne, je file un billet de 20$ au videur pour qu’il me laisse entrer sans faire la queue, mon Donnut à la main, un RBull fera office de café.
Je me marre avec un groupe de vietnamiens de Portland qui font le 3eme enterrement de vie de garçon de Xuan ce mois-ci (bref, il fêtent ça tous les week-ends, lol) et nous décidons d’aller faire un tour aux tables de Texas Holdem Bonus de l’Excalibur. Bien sur, on perd, et je les traîne aux vraies tables de poker.
L’espace d’un instant, j’avais tout oublié, la burn notice, Zeworm, le tournoi du Venitian. L’espace d’un instant j’étais juste un touriste à Vegas avec ses potes d’un soir. J’avais besoin de relâcher un peu la tension afin de pouvoir réfléchir à la suite, besoin de prendre un peu de recul.

Cette partie de poker à l’Excalibur restera dans les légendes de ce casino. La première raison est contextuelle, ce soir la était la dernière nuit d’existence de la pokeroom, le personnel était au chômage le lendemain, remplacés par des tables de poker électronique (une horreur !!), l’émotion était palpable, l’ambiance familiale, quasi intimiste. Rarement dans cette ville usine vous pouvez sentir ce coté humain, ces doigts tremblants de Paul le croupier de 57ans qui deale sa dernière main sous les applaudissements et ces les larmes de Debby, la Ganymède de la room. La seconde raison est mon groupe de vietnamiens déchaînés, offrant des tournées de tequila à la table tous les quart d’heure, soudoyant le floor pour faire boire les croupiers, chantant, riant, betant, raisant, bluffants, faisant dealer la river 2 ou 3 fois. Parfois il y avait plus sur les sidebets que dans les pots comme ce sidebet de 500$ misé à 3 contre 1 sur ma victoire au prochain coup par Marcelo (oui..je sais, un prénom bizarre pour un asiatique, mais il n’a pas choisi…). Et quand le jour c’est levé, que les tables allaient être bachées à jamais, les gagnants, dont je faisait parti, ont tous offerts leurs gains aux croupiers en tips.

Je rentrais prendre une douche d’environ une heure (ben ouais quoi, moi, c’est le seul endroit où j’arrive a réfléchir), afin de d’élaborer mon plan B en cas de non victoire au tournoi du Venitan. Il me restait 182$, je n’avais toujours aucune information sur la raison de ma burn notice, je ne savais toujours pas pourquoi cet objectif de victoire était important pour Zeworm, et ce Zeworm pour qui travaillait-il ?
Je courrais pour arriver à l’heure au tournoi sous le soleil de midi (sur le podium du top 10 de la liste des trucs a ne jamais faire à Vegas l’été, jamais!!) et c’est dégoulinant comme une serpillière ayant épongée du lait chaud que je m’attablai table 33 bien située sous la clim (sur le podium du top 10 de la liste des trucs qui donnent la crève en moins de 20s).
Le tournoi, as usual, faisait le plein, la lutte allait être rude. Mais le hasard pensais-je était de mon coté car à ma table je retrouvais 2 français au style typique des cercles parisiens, donc des types qui pensent toujours qu’on essaie de les bluffer (sur le podium du top 10 de la liste des trucs L.O.L de la pensée du pigeon en milieu ludo-urbain) . Je doublais rapidement car mon voisin de droite, m’avait callé avec hauteur Roi jusqu'à la river (p’tain j’aurais hurlé si il l’avait touché ce bourricot) puis doublais encore sur l’autre français qui lui avait essayé de me bluffer avec son As-3 sur board Q-10-3-Q-K (heu…si je te call avec 25% de mon stack au flop c’est que j’ai mieux qu’un 3 !). Bref, une fois de plus je me retrouvais aux portes de la finale, 11 joueurs restants.
Je relançais un coup comme tant d’autres avec AK quand un type me suivit de SB, le flop anodin montrait A-5-6 quand il se mit à tapis me donnant un bon mal de crâne. Alors quoi, si le gars a touché son set il ne va pas tenter de me coucher, il a une grosse paire l’As doit lui faire peur, si il a tirage quinte il va tenter d’avoir une carte gratuite ou beter pour me paralyser le coup si je n’ai pas l’As, si il a As-5 ou As-6 je peux comprendre le check raise allin ou le bet qui me commiterais. Allez, réfléchis, réfléchis, qu’est-ce que tu sais de ce gars, il n’a pas joué beaucoup de coups donc on peut considérer qu’il est serré ou éduqué, le truc c’est qu’on joue la bulle donc les types éduqués deviennent un peu tricky et font des moves bizarres en jouant sur la peur du Go Home chez leurs adversaires. Bon, je vais essayer ma fameuse technique d’agent secret pour désarmer un adversaire, histoire de voir sa réaction. Je lui sort mon énorme sourire de niais en le fixant dans les yeux. Imparable, ça vaut tout les gadget de mister Q pour mon poto James Bond. Le type ne s’y attendais pas, il perd le contrôle de sa poker face, le sourire lui fout la pression, il se lève et je fait boite au moment il tente de s’évader de la table en mode « moi j’suis serein j’me lève juste parce que j’ai fait dans mon froc et que sa colle ». Bref, il retourne son move a deux balles et montre un bô J-10, turn :J, river : J…..Et je hurle………

Je déambule un moment sur la moquette du casino, complètement sonné, un goût de sang dans la bouche, j’ai mal partout, j’ai froid. Je m’appuis sur une slot machine et réalise une des vérités de cette ville illusion. Derrière ce décors carton pâte qui broie les rêves, cette machine à Mickey pour adultes, derrière, des humains cherchent des appuis, des brèches dans la matrice auxquelles s’agripper pour freiner leur chute, des ancres inamovibles dans la descente en trombe de leurs âmes vers les limbes ostentatoires de leurs désirs déchus. Mais rien, non rien ne les retiens. A Vegas, celui qui chute est seul, personne ne le remarque, les perdants renvoient une mauvaise image de soi, de celui que l’on ne veux pas devenir, alors on passe sa route, on ferme les yeux en se disant juste que ce pauvre type n’a pas eu de chance. A Vegas, le perdant n’existe pas, il y a juste des fantômes humanoïdes errant dans les ruelles de Downtown à la recherche d’un penny, il y a juste des exjoueurs a présent croupiers, il y a juste des touristes traversant le Strip valise à la main car il ne peuvent plus se payer le taxi pour aller à l’Airport. Il y a juste cet agent secret, blacklisté par le gouvernement, méfiant de tous, épié par ses ennemis, vide, il y a juste mon reflet sur l’aluminium d’une machine à sous.

Je reste la, assis sur un tabouret devant un machine à 25cents, essayant de trouver une issue de secours. Il me reste 32$. Je pose 10$ sur une Wheel of Fortune, sur le 1 pour 1, et la roue s’arrête sur le 5. Il me reste 22$, je commande un Coca à la serveuse en jupe rose du Flamengo (je ne sais même pas comment j’ai atterri la) et lui donne 2$ de pourboire. Je sort et le soleil me sourit, c’est comme si il me disait que rien n’était fini, il illumine mon visage, et quand mes yeux fermés à son contact s’ouvrent je vois la table de poker du Bill’s, la table la moins chère de Vegas, 20$ la cave. La partie des cagoulés.

Je suis comme ivre quand je m’assied, je joue ma vie face à des gamins qui attendent que leurs parents finissent de se dépenser l’argent du loyer au Craps, face à un type borgne à qui il ne reste qu’une dent, face à un type qui veux essayer ce jeu et autres balayeurs latino qui veulent tenter la chance entre deux beers. C’est une table de flash poker, ils misent, touchent et s’en vont ou misent, perdent et s’en vont, je joue sans regarder mes cartes, une relance à gauche et on est quatre à tapis, je gagne avec mes deux paires 5-8. Une relance, je me mets à tapis, head’up, je défonce le AJ de mon adversaire avec Q-2 et un 2 au turn. J’ai une montagne de jetons blancs de 1$ devant moi en quelques heures, je suis le James Brown du flash funky poker, je suis le roi de la montagne des cagoulés. Je vais au change et on m’annonce: "good job, 408$". 408$ !! Allons fêter ça…

Je décide de profiter de ce jour, car dans quelques heures au détour d’un virage la face Mephitomaléfique de Mr Zeworms m’exécutera certainement. Oui, je me suis résigné, ils ont gagnés, ces tournois du Venitian perdus jour après jour à la bulle on été comme une torture, je suis un homme brisé, plus qu’aucune autre blessure physique cette éraflure sur mon âme m’a touché. Je me retrouve au Sapphire Gentlemen’s Club, a regarder un match de baseball sur l’écran géant suspendu entre un néon pourpre et le drap blanc ornant le mur. Mon verre de Bailey’s à moitié vide peine à faire passer le goût âpre du cigare et cette étonnante créature colombienne à mon bras, se lovant comme un chat sur ma cuisse et caressant de ses ongles mon coup fait de son mieux pour m’exciter mais rien n’y fait, je suis perdu dans mes pensées. Le temps passe et club se rempli, il doit faire nuit dehors, les filles ont défilés en vain à ma table, et d’elles il ne reste que leur parfum russe, portoricain, new-yorkais ou italien sur ma chemise, le cigare s’est éteint bague à demi consumée, je fixe le marbre du sol. La colombienne revient avec un verre :
- Toujours la, hein… Toujours pas envie du private avec moi, hein…Toujours aussi awesome, mais froid comme la glace, hein…. Dommage, pour une fois ça aurait été plaisir pour moi, Madre Dios, Que rico….
- Ce soir tu as choisis le mauvais client chica, je suis juste la parce que la clim est pas trop forte, la musique pas trop nase et l’écran HD connecté sur ESPN…
- Tonto…le gars la-bas il t’offre ce verre…, c’est un pote à toi, il a dit qu’il t’offrait le private si tu voulais…tu veux ?
- Mon ami ??
Zeworm, verre de champagne à la main me saluait du bar. Décidément ce type était comme la glue, l’odeur du souffre en plus. Il s’approchait lentement, jetant des regards pervers vers la poitrine des filles et s’assit face à moi.
- Dégage la pouff
- Oh…respecte mon amie
- Ton amie ? Je suis ton seul ami ici, ta seule famille, je suis ton buddy, ton père motherfucker, ton dieu païen, je suis tout pour toi ici !!! Je claque des doigts et ton cadavre sera enseveli quelque part dans le désert…compris, boyscout ?
- Eh…mais c’est que tu parle mal des fois…Tu veux qu’on cause de quelque chose t’as un soucis, t’es tout bouffi, c’est pas beau a voir…
- Alors le comique, on sait plus éviter les badbeats ? J’avais confiance en toi, je t’ai donné ta chance ! tu nous a laissé tombé, t’es un fucking looser
- Looser oui…funking c’est un peu too much. Alors c’est quoi la suite, si tu es la ce n’est pas pour me tuer, alors quoi…t’es tout rouge et pis c’est tout ?
- Viens on va faire un tour…
Il me saisit par la manche, laissant un rouleau de billets de 20 sur la table. Une fois dehors, on se dirigeait vers sa voiture. Je fis mine de tomber, il me reteint par le bras, je lui jetait une poignée de sable dans les yeux, un crochet au foie et un atemi derrière l’oreille gauche, et me mis a courir comme chien fou le long d’Industrial Road.

Et me voila, caché derrière une poubelle dans le noir, guettant le moindre bruit. Je me sentais mieux comme si cette montée d’adrénaline avait effacé ma déprime, j’avais encore le goût de vivre, de me battre, de remonter aux sources de cette burn notice. J’étais de retour et mon sourire avec. Je sortait de ma cachette et la tête haute marchait à la lumière des réverbères, un client sorti d’une chambre à massage, je l’assommait et prenait ses clefs. Je mis sa Cadillac en route et fuyait la ville en direction de Los Angeles.
Je reviendrais sur Vegas, cette histoire est loin d’être finie.

Burn notice, fin de la saison 1.
See you next year for the second season

BONUS (pour l'attente):


Prochain post (et j'en rigole déja): Un poker en Afrique