lundi, mars 16, 2009

Un week-end a Prague, part II: Obama poker

This is our chance to answer that call
This is our moment […]
We breathe, we hope, and where we are met with cynicism, and doubt, and those who tell us that we can't, we will respond with that timeless creed that sums up the spirit of dioscure:
Yes We Can
Barack Obama, 5 novembre 2008, acceptance speech (dioscure remix)


Nous descendons le petit escalier menant à la poker room du Praha Casino et découvrons que 2 places nous attendent au cashgame. La magie du lieu fait que le room-manager est également de la partie et se lève pour me laisser sa place, nous sommes donc tous assis. Les joueurs se cavent assez deep et je remarque leurs regards narquois quand on se cave tous les trois au min pour entrer dans la partie (trois fishs ont débarqués?).
Je fous un peu le bordel en demandant aux types de me s’écarter un peu pour que je puisse m’asseoir à droite du maniaque du tournoi de la veille (hehehe comme on se retrouve). En plus ils étaient entrain de bouffer un sceau bien garni en chair panée de chez KFC, pas très sympa pour notre acolyte le poulet…

Premier constat, je suis totalement rouillé en cashgame de holdem, je ne joue qu’au omaha depuis deux ans a part mes excursions à Vegas ou autres, et je suis toujours perplexe face aux relances prefolp très hautes vis-à-vis des blinds en early position ou la relance systématique du bouton suivi d’un call systématique parce que le gars était justement de bouton. Mais une chose est sure, la table n’as pas le niveau, pas besoin d’être extralucide pour s’en rendre compte, si techniquement je suis passable eux sont nuls et au niveau lecture j’ai deux trois ligue d’écart, la décision est simple : y’a pas moyen que je perde a cette table et ce avec any two cards!

…and that is the challenge
we must rise to in the days to come.
It is time to act.
Barack Obama, 22 novembre 2008


Tour de table
Un blondinet est assez actif à la droite du croupier, il raise systématiquement la quasi-totalité des coups pour se donner une attitude de deglingo et quand il est suivi, réfléchit longuement avant de prendre une décision.
A sa droite, le poulet ne sert à rien. A la droite du poulet on a un type insignifiant qui ne ressemble à rien. Puis on trouve lasticot, qui joue un coup à chaque rotation de la terre et il y a une chance sur une pour qu’il ai les As sur le coup.
A sa droite nous trouvons un jeune gars qui va vite renter chez sa mère quand je vais m’occuper de son cas (et être remplacé par le floor manager, mais nous y reviendrons…)
Ensuite le type qui s’empiffrait d’ailerons panés joue un peu au scandinave preflop mais semble peu à l’aise financièrement et est forcement très frileux si il est relancé et ce même si il a le jeu max.
Suivi par le maniaque, par moi-même et à la gauche du croupier le meilleur joueur de la table, appelons le Bob l’Eponge (car il nettoie tout ce qui dépasse).

La partie est active, mais ressemble pas mal a un match de ping-pong entre le blondinet deglingo et le faux scandinave, le maniaque faisant office de balle…He mais moi aussi je veux le frapper, laissez moi-en un peu !!! Allllllez quoi, j’veux jouer avec la balle !!!!

Je décide donc de suivre la fameuse (hum…) phrase de 2bal 2neg dans une de leur chanson, Il faut battre le fer quand il est chaud et il faut battre le frère quand il est faux’ et de châtier le faux scandinave en l’attaquant comme une furie avec mon 7-2, le forçant a se coucher au flop, je montre, le maniaque a cote de moi hurle, opération make-him-tilt en route.
L’opération make-him-tilt atteint son paroxysme quand je chatte un énorme pot multiway en flush backdoor face au deglingo qui avait brelan flopé (mal joué, j’aurais couché mais il a essayé de m’attraper, pfff) et au jeune (qui rentre faire ses devoirs) qui avait la quinte au turn, hum…si en plus je me mets à chatter je vais faire un ravage…

Je commence à chauffer un peu les débats en faisant des sur-relances sur les attaques du deglingo, c’est assez nouveau pour lui et il n’est pas rare de le voir abandonner post flop tandis que le maniaque s’empale sur sa très mauvaise lecture de mes mains. En clair, quand je n’avais rien il se couchait et quand j’étais armé il callait ou me relançait, un rêve éveillé. Malheureusement la parfaite partition s’enraille un peu quand le faux scandinave me défonce sur full contre full (moi je l’avais flopé, lui au turn… j’ai pas mal, ça picote, ça picote fort mais ça picottttttttt…ok j’avoue j’ai pas aimé), et je recave, tout est a recommencer.

It's about the rising unease and frustration
We have faced difficult times before, times when our economic destiny seemed to be slipping out of our hands.
We need action and action NOW
Barack Obama, 6 decembre 2008


Le maniaque se recave tous les deux coups, le scandinave empile et le deglingo fait le yoyo, moi je ne récolte pas les fruits de mon jeu et suis stable tandis que lasticot a perdu 20€ et est clairement décidé a passer la nuit la si il le faut pour les récupérer (un vrai roumain !).
Je perds un peu patience, et craque sur un coup ou je veux faire coucher le gars qui ressemble a rien avec rien mais il me call avec…rien et me bat à la high card…hum, rebuy !
Ok, maintenant je suis vraiment en pétard, j’ai perdu contre le type le plus insignifiant de la table, et il va donner mes jetons aux les autres (a peine le temps de me faire cette réflexion introspective qu’il se lève après avoir tout donné a Bob l’éponge…ha le petit enfoiré).
Le fake norvégien se déconcentre totalement de la partie en allumant son PC portable pour jouer sur Pokerstars en même temps (mais il se fout de moi lui !!!) et commence a ne plus avoir toute sa tête , il donne mes ex jetons au maniaque (pas grave) tout en se faisait exploser sur le net. D’ailleurs lasticot, toujours clairvoyant, me faisait des gros yeux du genre « alala il joue grave bien sur la NL1000 mais il n’a pas de chance », bon, il est évident que le type faisait un Sit&Go mais voir Chris s’émerveiller comme un gamin à la vue de la souris déambulant sans bruit sur le green virtuel était un moment d’une poésie rare, c’est bô la crédulité naïve d’un enfant qui croit encore au père Noël à près de 34ans. Quel choc, quand il se déconnecta, bust out de son tournoi de bizut a 5$ qui lui avait coûté 300€ à la table de cash en réel, lasticot versa une larme de complaisance et ramassa un pot de 30€ avec les Rois (ah juste en dessous de la main minimum…il avait joué laaaarge sur ce coup le Chris)
Je décide de passer la vitesse supérieure, en mode incouchable preflop, deglingo post-flop, chattard river et en 30mn atomise la table…rasage, le fake nordique abandonne, le deglingo dépose les armes et part avec son investissement du jour avant de laisser ses plumes, le maniaque est à -20 caves…faut dire que je leur ai tout fait : blocking bet en pagaille, 3bet light, bluff all in au turn, montrage de 7-2 après re-re-re-raise face au maniaque qui muck à la river (lol), slowplay des monstres puis raise min en cas d’attaque extérieure… Le poulet lance a nouveau la blague de la veille : You know him, it’s Baraaaaaaaaaack, Yes he can
La table rit jaune. Le maniaque prends 10 caves d’un coup et le manager s’assoit, la partie va changer.

That is the spirit, that has always sustained us, that belief that our destiny is not written for us, but by us; that our success is not a matter of chance, but of our own courage and determination.
Our resources may be finite, but our will is infinite. And I am confident that […] we will meet the challenges of our time and write the next great chapter in our story.
Barack Obama, 10 Janvier 2009


Ok, la partie deviens une chasse au Obama poker. Le floor est un bon joueur, agressif, bonne lecture, technique correcte, il profite du levier du maniaque qui raise très souvent histoire de remonter ses pertes et surtout fait contre poids à Bob et moi-même. Je commence a rater certains coups car je n’arrive pas à le lire correctement, ma pile de jeton s’érode beaucoup. Je perds un gros pot contre le floor à cause du poulet (je ne voulais pas le déstacker et j’abandonne mon tirage car je le pensait loin devant dans notre 3ways…mais c’est un boulet).
Le stack du floor grossit encore quand il démonte façon puzzle le maniaque en callant un truc de ouf sur la river…il me couvre alors du double. Ca deviens dangereux cette histoire. Et bien sur au cœur de la tempête, le coup de la soirée arrive…
Je suis en middle avec 6-5off et limpe le 3BB de Bob, le maniaque juste après moi relance à 8BB, le floor call, Bob call, je call.
Flop : A-5-6
Bob attaque à environ 1/3 du pot, je réfléchit un moment et call, le maniaque fait la gueule, se tourne dans tous les sens (un vrai sketch ce gars !) et call, le floor raise d’un peu plus du triple.
Bob fold. Je call pour laisser le maniaque entrer mais à ma grande surprise il pousse le tout au milieu alors que je suis persuadé qu’il n’a rien. Le floor complète, moi aussi
Turn : 9
Je lance 1BB et tout le monde rigole. Sauf le floor qui se gratte franchement la tête en se demandant si j’ai touché ma quinte. Il reste planté dans ses pensées pendant un moment qui me semble être une éternité et annonce all-in. Ah, le con ! Quel bet de débile je viens de faire !
Bah, c’est trop tard, si je gagne le coup je rase a nouveau la table…Allez, j’annonce ‘Obama Poker, Yes I can’ et call.
River : 6….rasage de la table, le floor avait 5-5 et le maniaque AK…J’ai chatté, lol

So it has been.
Barack Obama, 20 Janvier 2009, Investiture speech


J’ai envie de partir sous ce coup victorieux mais mes compagnons ressortent un vieux couplet née à Vegas deux ans avant quand ils ne voulaient pas se lever de leur table de limit 1-2: Arrête de chatter et assied toi…
Pfff, si on ne peux même plus kiffer tranquille…
La soirée se termine vers 5h, quand lasticot touche enfin de nouveau les As et gagne un pot de 40€, tandis que le poulet est encore sans plumes. On se ballade encore dans la ville jusqu'à l’hôtel, l’air est frais mais nous avons le sourire. Je chambre un peu lasticot sur son style de jeu de fou (alors que franchement il a le niveau pour écraser une table si il veux il joue comme une pucelle le soir de ses noces), et nous dormons enfin.
Réveil tranquille à l’aube vers 11h, check out, ptit dej au centre commercial en regardant un match désastreux de Première League (Blackburn-West Ham, je crois), complément de p’tit dej’ à base de ‘butter chicken + cheese nan’ à l’indien d’a coté…et avion back home.

Un petit week-end a refaire :)