mardi, septembre 23, 2008

Burn Notice, episode 2

Intro
My name is Patrick Wild, I used to be a spy until...
We got a burn notice on you.
You're blacklisted.

When you're burned, you've got nothing.
No cash, no credit, no job history.
You're stuck in whatever city they decide to dump you in:
Las Vegas
You do whatever work comes your way:
Poker
You rely on anyone who's still talking to you.

Bottom line... Until you figure out who burned you, you're not going anywhere.


Episode 2

Une des premières choses que l’on apprend à un agent, c’est que la connaissance du terrain est primordiale en toute opération. Il faut donc être le premier sur le lieux de rendez vous, jauger l’espace, se préparer au pire. Je pris juste une douche et ne me couchais pas, passais au Starbuck pour prendre un Mocha et des chocolate croissants et pris le free Tram reliant le Mandalay à l’Excalibur.

Le décor Louisiane vodou opera-rock du House of Blues faisait penser à un vieux jeu d’aventure sur Amiga, Monkey Island, et le brunch avait tout des odeurs du bayou. Je m’assis avec un journal en face de la porte, dos au mur et commandais un plat cajun. Quand le serveur me l’apporta, il s’assit à mes cotés en me disant :
-Vous etes en avance
-Mr Zeworm, je présume…
-Oui, je suis le ver dans votre pomme
- Hum, si c’est un langage codé, je suis un peu rouillé, je n’ai pas dormi, j’ai…
- Joué au poker
- Ah vous me surveillez ?
- Nous sommes des gens contentieux
- Au fait c’est qui « vous » ?
- Petit curieux…parlons boulot, on vous a choisi pour une mission particulière en rapport avec vos capacités
- Qui dois-je séduire?
fis-je avec mon plus beau sourire
- Rassurez vous ce n’est pas de votre humour dont je parlais, mais de jeu. Nous avons besoin que vous gagniez le tournoi de 12h00 au Venitian. On vous laisse 5 jours
-…Pourquoi ?

- Juste…gagnez !!!

D’un côté, j’étais assez soulagé, la mission aurait pu être pire (genre raser le high stakes du Bellagio). De l’autre, je savais que la structure de ce tournoi était un enfer pour les nerfs pour un frenchy habitué aux turbos, il fallait compter une dizaine d’heure avant de voir se profiler la table finale dans un océan tropical (ce qui veut dire poissons rouges mais aussi requins). Il fallait que je m’imprègne du lieu, histoire de voir ce qui m’attendait. Je descendis donc le Strip, m’arrêtant prendre des forces (un verre en plastique de 1m en forme de botte rempli de pinacolada) au RockHouse, servi par une blonde avec un tee-shirt floqué "Huge Natural Boobs" (Ah, son visage illuminé quand je lui ai dit que j’étais de Paris…mais ceci est une autre mission).

A peine entré dans le Venitian, la poker room était à ma gauche. Je pris une carte de membre du casino, ce qui me permit de repérer certains joueurs dont un groupe très ‘poker geek’ de canadiens (encore !!) et un autre frenchy. Mes yeux piquaient a peine de la nuit blanche, je m’inscrivais également.
Au bout de deux heures de jeux, mon tapis avait triplé sans que je sache comment, les types faisait des raise bidons quand j’étais de blind et se faisait défoncer par des garbages ou encore cet espagnol un peu fou de Seville qui me fit tapis sur un flop rainbow sans tirage quinte alors que j’avais brelan de 4. Je pris encore quelques jetons à un gamin ricain qui s’entêta a jouer son AK comme si il avait deux As (oui je n’ai que paire de 9 au flop mais je sais que tu n’a rien alors pourquoi tu t’acharnes ??). Bon, je le suicidais a bout portant, un coup plus tard avec ma première vrai main du tournoi JJ contre son 88.

100 joueurs en moins en cinq heures, nous étions encore une soixantaine (!!). La fatigue commença à se faire sentir. Je ne jouais quasiment plus de mains sinon pour voler un peu à chaque tour et dormais a moitié sur la table. Je ne me souviens plus de rien ensuite, j’ai repris connaissance quand nous n’étions plus que 12, mon stack avait fondu, j’étais juste en dessous de la moyenne. Je reçu JJ a nouveau et attaqua sur une table que je ne connaissait pas (car j’avais dormi) à 3BB, un type âgé se mis à tapis, je suivi, il avait AK et un K à la river me réveilla définitivement. Il ne me restait plus grand-chose. Plus que 11. Je me mis a tapis avec QJ mais ne pris que les blinds, j’attendais alors d’être UTG pour faire de même à l’aveugle mais on me changea de table. Je pu patienter encore un tour. Plus que 10. Plus qu’un sortant avant la finale. Je reçois AK et pousse tout au milieu le chipleader me call avec JJ et….rien ne me sauve (pas normal que dans l’autre sens ils touchent toujours un A ou un K !!! je dois être victime du théorème de lasticot inversé, voir un autre post de ce blog). Bref, j’étais un beau bubble boy, mais mes espérances avaient été dépassées : le tournoi était a ma portée.

Je prévoyais d’aller me coucher en type raisonnable mais un autre joueur éliminé, un cubain d’une cinquantaine d’année commença la conversation :
- Vous êtes un joueur de foot ?
- Heu…oui j’ai été ailier en poussin à l’école du village
- Oh, je pensais que vous étiez pro…
- Hum…je ne suis pas gay, désolé
- Non…non…rassurez vous. Je me tape tout ce qui bouge mais seulement les femmes. Je suis entraîneur de baseball, anyway….j’ai un problème, peut être pouvez vous m’aider ?
- ???...je vous écoute, on verra si je peux faire quelque chose
- Mon fils est…un cas désespéré. Il perd une fortune, il ne m’écoute pas, j’ai besoin de quelqu’un pour le remettre dans le droit chemin. Vous avez le même age… Il vous écoutera peut-être…je prends en charge vos frais…
-
La phrase magique…je vais voir ce que je peux faire…

Nous nous trouvâmes entrain de déambuler entre les machines a sous du Treasure Island à la recherche de son fils. L’énergumène était attablé à la pokerroom, blind 1-3 avec un tapis d’environ 400$. Il n’avait pas l’air méchant, juste un gamin un peu paumé, genre je suis une star du poker à San Diego mais je me cagoule a Vegas. Son père me laissa, je me mis sur la liste d’attente. Le temps d’attente ne fut pas très long et le gamin avait du se recaver déjà trois fois, les types se gavaient puis se levaient. Ce fut mon tour.
- Pfff, Oooh les gars ça fait plaisir de pouvoir en-fin jouer a votre table !...j’ai vu qu’il y avait un pige’, je voulais ab-so-lu-ment m’asseoir avant qu’il soit définitivement ra-sé…Au fait moi, c’est Ben Jamaismort de New Orleans, et toi la banque c’est quoi ton nom ? Dès que j’ai fini avec toi, je pars au Fashion Mall et baptise ma nouvelle paire de Nike de ton nom de sponsor.
- T’arrives souvent à table en provoquant le perdant ? Tu t’es jamais fait casser les dents…
- OoooH, agressif…j’aime ça, quand ça frétille encore…let’s dance…

Rires, around the table…Le gamin était remonté comme une pendule, perdre ok, mais que toute la table se moque de lui, ce n’était visiblement pas a son goût. Souvent les perdants s’accrochent à une table en pensant se refaire mais c’est plus leur orgueil qui les maintient debout ou cette spirale enivrante de sensation qui touche quand on perd gros, cette sensation cumulée de vide, d’envies, de rage, de folie, de désespoir et d’abandon. Parfois certains joueurs perdent pour se sentir en vie, car a force de se vouloir être des robots, plus que la victoire parfois c’est l’humain en eux qu’ils recherchent (Mouais…psychologie à deux balles mais c’est pour étoffer le récit, lol). Bref, pour raviver la conscience d’un joueur en chute libre, il faut parfois juste lui dire qu’on va l’aider à tomber plus vite, en général on lui coupe son plaisir masochiste et il se reprend.
Je perdais quelques caves face a lui histoire de lui redonner confiance et un peu de pétrole pour la suite (c’est papa qui paye). Quand il se leva, les autres joueurs le respectaient un peu plus et surtout n’avaient pas passés la bonne soirée prévue. Il me jeta un jeton de 1$ en disant que c’était pour mes Nike, il avait l’air fier. Mon sourire fut la seule réponse.

Le lendemain, 12h 30, pokerroom du Venitian. Le cubain, vint me voir table 13 siège 7 et me glissa quelques billets que je refusais.
- Non, merci. Votre fils vous a coûté assez cher comme ça…
- Magnanime ou condescendant ?
- Juste un type qui rends des services
Nous fûmes interrompus par mon téléphone. C’était Mr Zeworm qui me rappelait mes échéances. Comme quoi, cette histoire était loin d’être finie.

To be continued…